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DE L’HOMME,

sement dans l’orgueil des lecteurs. Cet orgueil annonce la haine du mérite, et cette haine est naturelle. En effet, si, jaloux de leur bonheur, les hommes desirent le pouvoir, et par conséquent la gloire et la considération qui le procurent, ils doivent détester dans un homme trop illustre celui qui les en prive. Pourquoi dit-on hautement tant de mal des gens d’esprit ? C’est qu’on se sent intérieurement forcé d’en penser du bien. Lorsqu’on tire le gâteau des rois, l’on en conserve une part pour Dieu : et lorsqu’on détaille le mérite d’un homme supérieur, on lui trouve toujours quelque défaut : c’est la part de l’envie.

Ne s’éleve-t-on point au-dessus de ses concitoyens, on veut les abaisser jusqu’à soi. Qui ne peut leur être supérieur veut du moins vivre avec des égaux (14). Tel est et sera toujours