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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/270

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SECTION IV, CHAP. X.

fait en grand le mal que le brigand fait en petit, et qui, plus injuste que ce dernier, est plus nuisible à la société : le voleur est l’effroi du particulier ; le conquérant est, comme le despote, le fléau d’une nation. Qui détermine notre respect pour les Alexandres, les Cortès, et notre mépris pour les Cartouches, les Raffiats ? La puissance des uns et l’impuissance des autres. Dans le brigand ce n’est pas proprement le crime mais la foiblesse qu’on méprise (31). Le conquérant se présente comme fort : on veut être fort ; on ne peut mépriser ce qu’on voudroit être.

L’amour de l’homme pour le pouvoir est tel qu’en tous les cas l’exercice lui en est agréable, parcequ’il lui en rappelle l’existence. Tout homme desire une grande puissance, et tout homme sait qu’il est presque impos-