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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/278

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SECTION IV, CHAP. XI.

sienne ; ils affectent d’autant plus de mépris pour les vertus patriotiques, que le despote marque pour elles plus d’indifférence. Dans ce pays on ne voit ni Timoléons, ni Léonidas, ni Régulus, etc. : de tels citoyens ne peuvent éclore qu’au degré de considération et de respect qu’on avoit pour eux à Rome et dans la Grece, où l’homme vertueux, assuré de l’estime nationale, ne voyoit rien au-dessus de lui.

Dans un état despotique quel respect auroit-on pour un homme honnête ? Le sultan, unique dispensateur des récompenses et des punitions, concentre en lui toute la considération ; l’on n’y brille que de son éclat réfléchi, et le plus vil favori y marche égal au héros. Dans tout gouvernement de cette espece il faut que l’émulation s’éteigne : l’intérêt du despote, souvent contraire à l’intérêt public, y doit ob-