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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/34

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SECTION II, CHAP. XII.

différente ne sont point ici l’objet de mon examen : je n’y traiterai que de la différence des goûts occasionnée par la pure différence des sensations reçues à la présence des mêmes objets.

Pour savoir exactement quelle peut être cette différence, il faudroit avoir été successivement soi et les autres. Or on n’a jamais été que soi. Ce n’est donc qu’en considérant avec une très grande attention les impressions diverses que les mêmes objets paroissent faire sur les différents hommes qu’on peut parvenir à quelque découverte. S’examine-t-on soi-même sur ce point ? on sent que si son voisin voyoit quarré ce qu’on voit rond, si le lait paroissoit blanc à l’un et rouge à l’autre, et qu’enfin certains hommes n’apperçussent qu’un chardon dans une rose et que deux monstres dans