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DE L’HOMME,

habituel de son activité ? C’est qu’entre tous les besoins ce dernier est celui qui se renouvelle le plus souvent, et qui commande le plus impérieusement. C’est la faim et la difficulté de pourvoir à ce besoin qui dans les forêts donne aux animaux carnassiers tant de supériorité d’esprit sur l’animal pâturant ; c’est la faim qui fournit aux premiers cent moyens ingénieux d’attaquer, de surprendre le gibier ; c’est la faim qui, retenant six mois entiers le sauvage sur les lacs et dans les bois, lui apprend à courber son arc, à tresser ses filets, à tendre des pieges à sa proie ; c’est encore la faim qui, chez les peuples policés, met tous les citoyens en action, leur fait cultiver la terre, apprendre un métier, et remplir une charge. Mais, dans les fonctions de cette charge, chacun oublie le motif qui la lui fait exercer ;