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SECTION II, CHAP. X.

c’est que notre esprit s’occupe, non du besoin, mais des moyens de le satisfaire. Le difficile n’est pas de manger, mais d’apprêter le repas[1]. Si le ciel eut pourvu à tous les besoins de l’homme ; si la nourriture convenable à son corps eût été, comme l’air et l’eau, un élément de la nature, l’homme eût à jamais croupi dans les paresse.

La faim, par conséquent la dou-

  1. Si les besoins sont nos moteurs uniques, c’est donc à nos divers besoins qu’il faut rapporter l’invention des arts et des sciences. C’est à celui de la faim qu’on doit l’art de défricher, de labourer la terre, de forger le soc, etc. ; c’est au besoin de se défendre contre les rigueurs des saisons qu’on doit l’art de bâtir, se vêtir, etc.

    Quant à la magnificence dans les équipages, les étoffes, les ameublements ;