nombre, un pouvoir sans bornes, des voluptés sans fin ; et ce desir vole toujours au-delà de la possession.
Quel bonheur seroit le nôtre, disent la plupart des hommes, si nos souhaits étoient remplis aussitôt que formés ! Ô insensés, ignorerez-vous toujours que c’est dans le desir même que consiste une partie de votre félicité ? Il en est du bonheur comme de l’oiseau doré envoyé par les fées à une jeune princesse. L’oiseau s’abat à trente pas d’elle. Elle veut le prendre, s’avance doucement, elle est prêt à le saisir : l’oiseau vole trente pas plus loin ; elle s’avance encore, passe plusieurs mois à sa poursuite ; elle est heureuse. Si l’oiseau se fût d’abord laissé prendre, la princesse l’eût mis en cage, et huit jours après s’en fût dégoûtée. C’est l’oiseau du bonheur que poursuivent sans cesse