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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/94

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SECTION II, CHAP. XX.

l’avare et la coquette. Ils ne l’attrapent point, et sont heureux dans leurs poursuites, parcequ’ils sont à l’abri de l’ennui. Si nos souhaits étoient à chaque instant réalisés, l’ame languiroit dans l’inaction, et croupiroit dans l’ennui. Il faut des desirs à l’homme ; il faut pour son bonheur qu’un desir nouveau et facile à remplir succede toujours au desir satisfait (29). Peu d’hommes reconnoissent en eux ce besoin ; cependant c’est à la succession de leurs desirs qu’ils doivent leur félicité.

Toujours impatients de les satisfaire, les hommes bâtissent sans cesse des châteaux en Espagne ; ils voudroient intéresser la nature entiere à leur bonheur. N’est-elle pas assez puissante pour l’opérer ? c’est à des êtres imaginaires, à des fées, à des génies, qu’ils s’adressent. S’ils en