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SECTION IV, CHAP. XIII.

c’est qu’en presque aucun gouvernement ces vertus ne conduisent aux grandes places, et qu’on n’estime réellement que le pouvoir.

Qu’on me présente, dans l’histoire ou sur le théâtre, un grand homme grec, romain, breton, ou scandinave, je l’admirerai ; les principes de vertu reçus dans mon enfance m’y forceront. Je me livrerai d’autant plus volontiers à ce sentiment, que je ne me comparerai point à ce héros. Que sa vertu soit forte et la mienne foible, je m’en déguiserai la foiblesse ; je rejetterai sur la différence des lieux, des temps, et des circonstances, celle que je remarque entre lui et moi. Mais si ce grand homme est mon concitoyen, pourquoi ne l’imité-je point dans sa conduite ? Sa présence doit humilier mon orgueil. Puis-je m’en venger ? je me venge. Je blâme