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DE L’HOMME,

Selon leurs philosophes, l’homme indifférent, l’homme assis dans son fauteuil desire le bien des autres : mais en tant qu’indifférent, l’homme ne desire et ne peut même rien desirer ; l’état de desir et d’indifférence est contradictoire. Peut-être même cet état de parfaite indifférence est-il impossible. L’expérience m’apprend que l’homme ne naît ni bon ni méchant : son bonheur n’est pas nécessairement attaché au malheur d’autrui ; au contraire, dans toute saine éducation, l’idée de ma propre félicité sera toujours plus ou moins étroitement liée dans ma mémoire à celle de mes concitoyens, et le desir de l’une produira en moi le desir de l’autre. D’où il résulte que l’amour du prochain n’est dans chaque individu qu’un effet de l’amour de lui-même. Aussi les plus bruyants prôneurs de la bonté originelle n’ont-ils pas tou-