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DE L’HOMME,

marque d’autant plus de considération à l’homme de génie qu’il a plus besoin de ses éloges.

Les mœurs d’une nation ne changent point au moment même de l’établissement du despotisme. L’esprit des citoyens est libre quelque temps après que leurs mains sont liées. Dans ces premiers instants, les hommes célebres conservent encore quelque crédit sur une nation. Le despote les comble donc de faveurs pour qu’ils le comblent de louanges ; et les grands talents se sont trop souvent prêtés à cet échange ; ils ont trop souvent été panégyristes de l’usurpation et de la tyrannie.

Quels motifs les y déterminent ? Quelquefois la bassesse, et souvent la reconnoissance. Il en faut convenir, toute grande révolution dans un empire en impose à l’imagination, et