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NOTES DE LA SECTION V.

(10) On frémit au spectacle de l’assassin qu’on roue. Pourquoi ? C’est que son supplice rappelle à notre souvenir la mort et la douleur auxquelles la nature nous a condamnés. Mais pourquoi les bourreaux et les chirurgiens sont-ils impitoyables ? C’est qu’habitués ou de torturer un coupable ou d’opérer sur un malade sans éprouver eux-mêmes de douleur, ils deviennent insensibles à ses cris. N’apperçoit-on plus dans les souffrances d’autrui celles auxquelles on est soi-même sujet ? on devient dur.

(11) Le besoin d’être plaint dans ses malheurs, aidé dans ses entreprises ; le besoin de fortune, de conversation, de plaisirs, etc., produit dans tous le sentiment de l’amitié. Elle n’est donc pas fondée sur la vertu. Aussi les méchants sont-ils, comme les bons, susceptibles d’amitié, et non d’humanité. Les bons seuls éprouvent ce sentiment de compassion et de tendresse éclairée, qui, réunissant l’homme à l’homme,