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DE L’HOMME.

de semer il faudroit dessécher les marécages, abattre les forêts, défricher la terre ; et ce défrichement ne se feroit pas sans peine. Dans les contrées même où la terre est le mieux cultivée, que de soins sa culture n’exige-t-elle pas du laboureur ! c’est le travail de toute son année. Mais ne fallût-il que l’ouvrir pour la féconder, son ouverture suppose l’invention du soc, de la charrue, celle des forges, par conséquent une infinité de connoissances dans les mines, dans l’art de construire des fourneaux, dans les méchaniques, dans l’hydraulique, enfin dans presque toutes les sciences dont M. Rousseau veut préserver l’homme. On ne parvient donc pas à faire du pain sans quelque peine et quelque industrie.

« Un homme raisonnable, dit M. Rousseau, est encore plus difficile à faire. Avec beaucoup d’étude on n’est pas toujours sûr d’y parvenir ». Mais est-on toujours sûr d’une bonne récolte ?