Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/158

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— Il y a longtemps ?

Il hocha la tête, en gratta le sommet d’un air sombre et croisa ses jambes sans dire mot. Cependant j’examinai la photographie. Était-ce bien là le portrait de l’homme dont les restes se tortillaient à mes côtés ? L’un et l’autre se ressemblaient-ils ? Une canne peut-elle ressembler à une citrouille ?

Il m’observait :

— Comment, grommelai-je, que vous est-il arrivé ?

Il cria :

— Ni cure, ni maladie ! monsieur. Rien. J’ai maigri, voilà tout !

Et se penchant à mon oreille, il ajouta d’une voix pleine d’une étrange rancune :

— Savez-vous que le génie de la nature, c’est l’esprit de contradiction ? (Il me saisit au bras nerveusement.) Ne vous éloignez pas, j’ai tout mon bon sens… Les lois naturelles, monsieur, con-