Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/29

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passé en vous, en n’importe quel homme, puisque nous sommes tous des cochons et, pour comble, des cochons vaniteux.

Pour cela, les gros valent les minces et les pelés valent les tondus. Ils se croient tous irrésistibles pour si peu qu’ils puissent penser que l’on en veut à leur peau.

J’ajoute que je ne m’embarrassais guère de scrupules. À parler franc, je n’aime pas l’amour à l’impromptu. Je suis comme le ténor Duprez, auquel les bravos de confiance ôtaient ses moyens. Mais j’étais un autre homme et si complètement transformé que, jetant sur mon âme un coup d’œil introspectif, je ne la reconnus point. Ce n’était plus, monsieur, l’âme du brave compère de comédie, du souffre-douleur complaisant que je vous ai dépeint tout à l’heure. Sous le vaste gilet, mon cœur battait, au rythme folâtre de la bamboche.

Notez, puisque je veux tout vous dire, que l’idée de cocufier mon ami ne m’avait jamais tra-