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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

leur alliance, soit par des nœuds de cousinage assez compliqués qu’elles défaisaient vaniteusement à la moindre invite. Chez la plupart, on découvrait, à côté de Vogue, quelque sage gazette quimpéroise, comme, au chevet d’un millionnaire sorti des faubourgs, la casquette ou l’outil de ses jeunes années. Ce fut près d’elles qu’Hélène quêta des invitations, lorsque, servie par le beau nom que portait son père, elle se fut glissée dans leur cercle. Toutes n’eurent pas d’enthousiasme à l’y voir entrer. Les plus dévotes lui reprochaient une posture impie, les plus royalistes une foi bleue, qui, notoires à l’époque de leurs vingt-huit ans, avaient fait scandale autour d’elles. Mais un jeune cavalier ne se refuse pas.

Les débuts de Marc furent heureux. Hélène, du reste, avait tout fait pour qu’ils réussissent. De sa cravate de satin noir à ses escarpins, il n’était pas un seul détail de toute sa toilette qu’elle n’eût vérifié soigneusement. Elle l’avait, au surplus, chapitré, stylé, entraîné aux façons qu’elle voulait lui voir par des exercices de chaque jour, l’obligeant à venir lui baiser la main, réglant sur toute chose sa conduite. Lorsqu’il parut, ce mercredi, précédé par elle, dans le premier des deux salons de Mme d’Aunoux, un murmure s’éleva qui visait la femme et que celle-ci crut provoqué par la fine silhouette qu’offrait aux regards son beau-fils. Avec sa blanche tunique, sa coiffure basse et ce grand buste avantageux qu’elle portait en reine, sans une ombre de morgue ou de coquetterie, elle semblait ignorer qu’elle était char-