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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/101

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

mante. Le piano préludait à quelque fox-trott. Quatre ou cinq dames d’un certain âge entourèrent Hélène qui sentit son cœur se serrer. Quand Marc dansa, son attention, bien qu’assez discrète, se trahit constamment par de brèves œillades et ce lui fut un vrai supplice, au bout d’un instant, que de le voir s’embarrasser dans ses premiers pas sans pouvoir l’aider d’un conseil. La cadence ressaisie, elle respira mieux. Des hommes lui firent des compliments qu’elle rompit bientôt, mais que, d’abord, elle écouta presque avec plaisir. Ses réflexions, au demeurant, n’en furent pas changées. Jusqu’à minuit, elle ne cessa de surveiller Marc, à la fois traversée de mille inquiétudes et ravie de le voir se tirer d’affaire avec une gracieuse assurance.

Ils n’étaient pas dans la voiture qu’elle le prit au cou. Son visage exprimait une tendresse profonde et ses prunelles resplendissaient, en contemplant Marc, de l’orgueil d’une mère passionnée.

— Mon chéri ! lui dit-elle, je suis fière de toi ! Pour un début, c’est merveilleux, pas un tâtonnement, pas une maladresse, pas une faute ! As-tu vu, de toutes parts, comme on t’observait ? Je suis certaine qu’à cette heure-ci les langues vont leur train et qu’il n’est bruit dans le salon de Mme d’Aunoux que du beau météore qui l’a parcouru. Quantité d’imbéciles grimaçaient d’envie. C’est qu’aussi, mon loup, tu danses bien ! Sans en avoir l’air, je rapprochais ta petite personne des cinq ou six qui me semblaient les moins négligeables et je t’assure qu’à tous égards, physique et manières, tu pouvais sup-