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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

là. Puisque Marc était d’âge à courir les bals, elle préférait qu’il s’y frottât à des gens médiocres, mais, pour la plupart, bien élevés, qu’à des esprits souvent plus libres, et parfois plus forts, au gré de qui, devant l’argent, tout mérite cédait. L’intelligence et le travail honnêtement compris grandissaient un être à ses yeux. Mais elle tenait pour dégradante la cupidité et elle exécrait l’avarice.

Entre elle et Marc, les distractions qu’ils prenaient ensemble instituèrent assez vite des rapports nouveaux. Ce n’était, certes, pas une camaraderie, car l’étudiant, devant Hélène, demeurait timide, comme elle-même gardait ses distances, mais, à présent, trop de soucis leur étaient communs pour que, souvent, ils ne vinssent pas à les aborder dans une fugitive conjonction. Hélène, alors, se repliait au niveau de Marc qui, lui-même, s’efforçait de monter au sien. Curieuse de tâter son jugement, elle l’amenait à lui parler de certaines figures par quelque détail remarquables, en prenant soin de le lancer non sur les brillantes, mais sur les plus rébarbatives et les plus burlesques. Les saillies du jeune homme provoquaient son rire. Elle en goûtait l’outrance comique, le tour imprévu, se disait tout bas : « Qu’il est drôle ! » Quelquefois même, avec mesure, elle y ajoutait, pour le plaisir de le pousser dans sa diatribe à la plus furieuse injustice. Puis, retrouvant sa dignité, elle arrêtait Marc et, d’un mot, soulignait les excès commis, avec la rigueur d’un arbitre, sans pour cela se départir de son enjouement.