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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

était surtout d’éveiller chez Marc une émotion superficielle et toute fugitive où la sienne pût trouver à se rafraîchir quand, d’aventure, elle insistait sur quelque anecdote pour la lui remettre en mémoire.

Un matin, lui montrant un gros marronnier dont le feuillage, plein de reflets et bruissant d’oiseaux, formait une voûte imperméable aux rayons solaires :

— Te souviens-tu, demanda-t-elle, de ce jour d’été où, te cherchant depuis une heure, avec ta grand’mère, dans toutes les parties du jardin, nous t’avons découvert juché sur cet arbre ?

— Non, dit-il. Mais comment y avais-je grimpé ? J’étais donc bien leste et bien fort ?

— Tu avais pris, je ne sais où, une petite échelle et, une fois parvenu dans les maîtresses branches, tu t’étais arrangé pour gagner les autres. Au grand dommage de ta culotte qui revint en loques de cette téméraire excursion. Ta grand’mère te gronda, et c’était justice. Bien petite justice ! fit Hélène. Ah ! méchant drôle, poursuivit-elle, si je t’avais eu !

Elle fit un soupir :

— Comme c’est loin !

Puis, de ce ton presque uniforme et un peu chantant sur lequel, comme craignant de les voir se rompre, nous déroulons les souvenirs de nos jeunes années :

— Moi, je portais, j’en suis certaine, — il me semble y être, — une robe entravée blanche et mauve. Et j’avais les cheveux noués en catogan.