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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/124

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

précision. Il lui semblait qu’à la faveur de cette vive jeunesse dont elle présentait tous les signes elle recevrait d’une destinée exorable, en somme, puisque déjà, par intervalles, tintait une promesse sous son apparent dernier mot, une attention particulière, un bonheur quelconque. Où, comment, à quelle date, il importait peu ! Le principal était pour elle qu’un tel événement fût encore possible à son âge. Rien n’était excitant comme de s’en convaincre. Le toucher de sa joue la remplissait d’aise et tous les miroirs la flattaient.

Dans les motifs de l’affection qu’elle portait à Marc s’était glissé le sentiment d’une obligation qu’elle avait de plus envers lui. Sans le vouloir, par le seul jeu d’une franchise brutale, qu’elle s’amusait à comparer à celle d’un jeune chien, il l’avait tonifiée et sauvée d’elle-même. L’adolescent prenait plaisir, par ces longs jours d’août, dans cette campagne aimable et saine, mais sans distractions et dont le manque de pittoresque engendrait l’ennui, à reproduire par le dessin et par la couleur divers aspects du vieux domaine si traditionnel où s’était écoulée sa petite enfance. Les promenades lui plaisaient fort, sans l’intéresser. Il avait passé l’âge des jeux. Ces esquisses l’instruisaient et lui tuaient le temps. Hélène, bientôt, prit l’habitude, lorsqu’il travaillait, de s’installer auprès de lui dans un fauteuil bas, munie d’un ouvrage ou d’un livre. Elle évitait de le gêner en lui parlant trop. Mais, quelquefois, lors-