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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/126

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Pratiquement, néanmoins, elle se démettait. De l’indulgence, elle descendait à une tolérance qui ne devait qu’à la nature peu frondeuse de Marc de n’avoir pas à s’exercer plus assidûment. Sans besoin, par humeur de le flagorner, elle en venait à se soucier de ses opinions, à le consulter sur ses goûts. Toutes façons relâchées que, six mois plus tôt, elle aurait jugées imbéciles.

Dans cette maison, qu’entretenaient avec dévouement de vieux domestiques éprouvés, ses devoirs de maîtresse ne l’occupaient guère, le plus gros étant fait suivant une routine qui la dispensait d’y pourvoir. Les leçons qu’elle donnait à Marie-Thérèse lui prenaient, tout au plus, chaque matin, deux heures. Puis commençait de s’écouler une grande journée vide où des besognes comme, le jeudi, l’inspection du linge, avaient l’importance d’événements. Bientôt, le temps lui parut long qu’elle passait sans Marc. Ce n’était point qu’elle désirât sa conversation à la manière de tant de femmes, même intelligentes, qui se sentent désœuvrées dès que chôme leur langue, mais sa présence lui inspirait une tranquillité qu’elle cherchait en vain hors de lui. De ses sourires, de ses propos, de ses silences mêmes, naissaient l’équilibre et la joie. Avait-elle, dans sa chambre, un moment pénible, elle descendait auprès de Marc et tout s’effaçait. Pareille vertu, qu’elle attribuait aux mille ressemblances de leurs caractères respectifs, la charmait comme une preuve de sa réussite dans la mission d’éducatrice qu’elle s’était donnée.