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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

moins en elle-même, sous l’angle objectif, qu’en fonction du plaisir qu’elle causait à Marc. Est-il permis d’aventurer qu’à cette heure déjà elle accordait moins d’importance et de séduction à sa majesté naturelle ? Qu’elle y percevait mainte faiblesse ? Que, sans d’ailleurs lui préférer aucunement la mode, elle commençait à la tenir pour anachronique ? Ces sentiments flottaient en elle comme de molles vapeurs une minute angoissantes par leur imprévu. Quant à vraiment s’y attacher, elle n’y songeait pas.

Ce ne fut que plus tard qu’ils se condensèrent. Sous l’influence de réflexions d’abord capricieuses, d’abord négligées, puis mûries et qui, bientôt, s’agglutinant, prirent une étrange force, il lui vint le soupçon d’un malentendu par où pouvait se justifier la conduite de Marc. Pensée rassurante, choc terrible ! À la fois, quel délice et quel ébranlement ! Elle s’avisait que les mille soins prodigués par elle à cet enfant d’une étrangère chéri comme un fils n’avaient pas eu nécessairement l’effet désiré de lui faire en toute chose partager ses goûts. Les illusions que, sur ce point, de la meilleure foi, elle avait nourries si longtemps, elle les devait au déploiement d’une autorité constamment rigoureuse et souvent brutale. Affranchi, Marc suivait ses inclinations. Quoi d’étonnant qu’elles le portassent non vers le passé, mais vers les modes et l’esthétique de l’époque présente ? Si Mme Aliscan lui semblait gracieuse, ce n’était pas que son physique l’eût impressionné à lui retirer tout jugement,