Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
152
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

c’était qu’en elle il appréciait, parfaitement maniés, les artifices par où triomphe la femme d’aujourd’hui. Pleine d’entrain, l’air charmé, se laissant conduire, sous les regards que lui valaient ses heureuses toilettes et sa surprenante légèreté, cette très ancienne jolie personne lui faisait honneur. Il ne manquait, dans les salons du Sémiramis, ni de coquettes autrement fraîches, ni de bonnes danseuses sur lesquelles aurait pu se fixer son choix. Mais peut-être étaient-elles moins richement vêtues, et les tendresses des très jeunes gens, comme celles des sauvages, vont d’instinct aux parures les plus éclatantes.

La déception qu’Hélène subit fut de brève durée. Bientôt, le bonheur l’inonda. Qu’attendait-elle pour ressaisir tous ses avantages et restaurer par son adresse l’empire absolu qu’autrefois, d’un seul mot, elle établissait ? Puisque Marc, entiché d’élégance moderne, y sacrifiait jusqu’aux élans de son naturel qui devaient le pousser vers les femmes aimables, cette élégance, mise en valeur par une de celles-ci, n’aurait-elle pas, comblant ses vœux, pour effet certain de le retenir auprès d’elle ? Pendant huit jours, Hélène vécut dans le ravissement de sentir battre à ses artères une fièvre inconnue. Tout son temps se passait dans les magasins. Avec l’ardeur qu’une fiancée met à son trousseau, elle commandait, assortissait, essayait, réglait, n’ayant au cœur d’autre ambition, de désir plus vif que de transformer sa silhouette. Des fournisseurs jugés timides ou d’un goût mé-