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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

rentra et qu’il la vit le visage en pleurs, ses regards exprimèrent la stupéfaction. Elle le saisit par un poignet, l’attira près d’elle, le baisa fiévreusement à plusieurs reprises.

Dans le flot des paroles qu’elle jetait sans suite, il ne pouvait ni découvrir une raison quelconque, ni parvenir à démêler la cause de sa peine. Enfin, ces mots sonnèrent, distincts : « Ton pauvre papa ! » Ce fut, pour lui, l’évocation, sous un ciel farouche, d’un bâtiment désemparé plongeant dans la mer, de chaloupes s’éloignant à renfort de rames, de son père demeuré le dernier à bord et, sur le point de s’élancer vers un bois flottant, se trouvant aspiré par le tourbillon. Dans l’espace d’une seconde, tout un drame atroce. Lorsqu’il connut la vérité, plus humble et plus sèche, il s’abattit sur sa belle-mère en poussant un cri. Elle le sentait qui, du menton, meurtrissait sa gorge et qui, les doigts à même la peau, non sans lui faire mal, lui pressait les bras nerveusement.

Pourtant, Hélène dut constater qu’il ne pleurait pas. S’étant soustraite avec douceur à sa forte étreinte, elle quitta le salon au bout d’un instant pour avertir Marie-Thérèse qui fondit en larmes et qu’elle consola de son mieux. Puis, traînant la fillette, elle revint vers Marc. Il avait un air morne et désespéré, mais, à vrai dire, plutôt songeur qu’empreint d’émotion, et, sous son front barré de plis, ses yeux restaient secs. « C’est, » pensa-t-elle, « un homme déjà. Comme il se contient ! » Elle était loin de soupçonner que son attitude reflétait