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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

chaleur qu’il lui parut confusément, l’espace d’une seconde, qu’elle allait tomber évanouie. Dans son esprit, le mot : maîtresse, comme dans un ciel noir, s’inscrivait sans relâche en zig-zags de feu et ses oreilles en bourdonnaient jusqu’à la souffrance. Tout à coup, sous son doigt, elle sentit une feuille que retenait une courte épingle à l’avant-dernière dont elle n’avait pas la surface. Les trois plus grandes la lui avaient complètement cachée. Elle fit effort sur sa douleur et put lire ceci :

« Mme A. est âgée de 46 ans. Née Thérèse-Bernadette-Augustine Perroux, elle est la veuve de Charles-Édouard, ancien coulissier, décédé à Paris en 1920. On lui connaît une fille mariée qui habite Bordeaux et un fils, officier sorti de Saint-Cyr, actuellement en garnison à Clermont-Ferrand. L’intéressée passe pour avoir une certaine fortune. Relations bien posées, mais qu’elle cultive peu. À en croire des personnes qui la touchent de près et qui, toutes, paraissent dignes de foi, sa conduite, sans verser dans la galanterie, serait plutôt assez légère, et même dissolue, bien qu’à cette heure le demandé soit son seul amant. Si des détails complémentaires et toutes précisions étaient désirés sur ce point on pourrait entreprendre une nouvelle enquête. »

Les mots : complémentaires, toutes précisions, étaient soulignés par deux fois.

Subitement révoltée par l’odieux rapport :

— De vrais coquins ! se dit Hélène en froissant les feuilles qu’elle serra nerveusement au fond d’un tiroir. Quelle horreur de penser que la loi les couvre !