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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Ah ! comme une balle de revolver, reprit-elle tout haut, serait bien à sa place dans ces têtes d’espions !

Précisément, à cette minute, Marc frappa chez elle. Il venait la prier de lui rendre un livre et s’arrêta non moins surpris de son expression que de la couleur de son teint.

— Tiens, fit-il, petite mère, comme vous voilà drôle ! Seriez-vous souffrante ?

— Non, dit-elle.

Il insista, mais, sans répondre, elle quitta son siège et, lui mettant entre les mains l’ouvrage demandé, l’invita d’un ton bref à la laisser seule.

Elle ne pouvait, littéralement, supporter sa vue. Il lui inspirait du dégoût. Ses traits si purs lui semblaient suer un vice effroyable. Tantôt sa bouche s’offrant à elle, et tantôt ses yeux, elle frissonnait d’y découvrir au moindre examen mille des signes extérieurs de l’hypocrisie, ou bien certaines de ses paroles la persécutaient et, devinant de quel langage il était capable, elle en détestait l’innocence. Toute la nuit, sa douleur la tint éveillée. Brûlée de fièvre, elle voyait Marc, et à divers âges, occupant, au lieu d’elle, Mme Aliscan. L’horrible femme était pour lui belle-mère et maîtresse. Voici, gamin, qu’elle le grondait et qu’elle le secouait, puis, l’attirant sur sa poitrine, dénudait sa gorge et la lui donnait à baiser. Dieu ! dans ses prunelles, quels éclairs ! Après des mois et des années d’un commerce infâme, elle le renversait sur son lit. Dès lors, l’enfant