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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/19

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Loin de mettre un obstacle à la discipline, les principes chrétiens la renforcent.

— Bon ! mais encore faut-il que l’enfant s’y prête ! Ce qu’on appelle l’âge de raison n’est pas un vain mot. Allez donc vous répandre en exhortations que vous jugez au fond de vous sottes et mensongères quand vous sentez qu’elles sont reçues dans l’indifférence ! À l’approche du sublime et du mystérieux, certaines natures, ni plus mauvaises, ni meilleures que d’autres, d’instinct se replient et font boule. Que de fois ne l’ai-je pas constaté chez Marc !

Un court silence, déjà très doux, suivit cette réplique. Michel Soré n’était pas homme à tenir longtemps devant une défense de sa femme.

— Rien ne dit que sa sœur eût été comme lui, laissa-t-il tomber d’une voix molle.

— Allons donc ! fit Hélène. Je la connais bien ! Moralement, c’est tout moi, cette enfant, Michel.

Ils s’étaient arrêtés sur le bord de l’eau. Le commandant pointa sa canne dans une direction où deux têtes rapprochées émergeaient des vagues, parut hésiter une seconde, puis demanda soupçonneusement, les paupières clignées :

— Qu’est-ce que c’est donc que cette personne qui nage avec Marc ?

— La petite Vulmont, dit Hélène. C’est la fille d’un docteur du quartier Monceau.

— Ah ! Bonne famille ? Faites attention ! Avant-hier, déjà… Et puis, je trouve, reprit Michel, qu’ils vont un peu loin. Tenez, regardez-les, je