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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

toujours le pas sur leurs impulsions dégradantes, le mieux était de remédier, sans chercher plus loin, au désordre inquiétant de ses nouvelles mœurs. Aussi bien pouvait-on conserver l’espoir que l’égarement qu’il subissait serait peu durable et qu’une manœuvre assez facile en viendrait à bout.

« Mais par où l’engager ? » se disait Hélène. « Comment agir, dans un temps bref, sur cet imbécile, à la fois discrètement et d’une manière sûre ? » Le procédé le plus direct, une explication, n’effleura même pas sa pensée. Pour rien au monde, elle n’eût voulu paraître avertie. Non seulement sa fierté en aurait souffert, mais le fait même de reprocher une maîtresse à Marc l’aurait choquée dans sa pudeur, sans qu’elle sût pourquoi, comme une formidable indécence. L’unique ressource était d’user de pondération et d’essayer, par une série de timides appels à ses sentiments d’autrefois, d’amener le jeune homme à se confesser. Tâche ingrate et si peu dans ses aptitudes ! Elle n’en avait encore passé qu’un bref examen que déjà, se tâtant, elle s’en effarait et s’y présumait inférieure. Puis, sur la foi de quelle donnée prêtait-elle à Marc le repentir que postulait un tel abandon ? Supposé qu’il en eût ou qu’il lui en vint, serait-ce avant de longues semaines, maint effort stérile, des alternatives innombrables, qu’un résultat définitif pourrait être acquis ? La jeune femme n’avait pas le courage patient. Moins que jamais dans cette affaire où toute heure perdue lui semblait consacrer un échec plus grave.