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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

fixés sur sa bouche dans les intervalles des répliques. Assez vite, leurs propos s’étaient détendus. Par toute une gamme de libertés qui échauffaient Marc et semblaient divertir leur instigatrice, ils avaient évolué vers la confidence. Entre celle-ci et des aveux, l’étape n’est pas longue. Marc l’avait timidement, mais vivement franchie.

Lorsqu’Hélène l’avait vu, au Sémiramis, toucher des lèvres, auprès du cou, Mme Aliscan, il lui donnait ce gage d’amour pour la seconde fois.

Survenait la mort de son père. C’était pour lui comme le passage d’une de ces nues lourdes qui, trop étroites pour le soleil qu’elles prétendent cacher, voilent à peine une minute sa face éclatante. Elle le frappait dans cette période du premier vertige dont on peut dire qu’il est pour l’être une naissance nouvelle. D’où le peu de chagrin qu’il en avait eu. Avant même de partir pour les funérailles, il adressait à sa danseuse une lettre éplorée où le faire-part, proprement dit, occupait trois lignes et ses sentiments cinq grandes pages. Dès son retour, il dégageait une carte à la poste. Mme Aliscan l’attendait. Elle lui ferait, notifiait-elle, dans un post-scriptum, ses condoléances de vive voix. Ce fut la tête contre le sein de cette femme éprise qu’il les entendit murmurer.

Comment, dès lors, trouver étrange la conduite de Marc ? Si l’homme fait se replie sur sa volupté, l’adolescent prête à la sienne, pourvu qu’elle le flatte, toutes les qualités par surcroît. Or, celui-ci, dans une coquette, goûtait une maîtresse qui