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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/187

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

s’était mise, dès le début de leurs relations, à le chérir exclusivement et de toutes manières avec une violence éperdue. Le moindre vœu qu’il exprimait revêtait pour elle l’importance d’un désir dont l’amour dépend, et lui, si jeune, encore privé d’expérience en tout, se voyait demander par cette personne mûre des conseils qu’elle suivait sans les discuter. Ses deux visites de chaque semaine faisaient événement. Dans ses mains reposait le bonheur d’un être pour qui l’avouer était toujours la plus douce des joies et le témoigner la grande chose. Mille inventions, si délicates qu’elles émerveillaient, lui rendaient plus touchante cette adoration. C’est vite fait de crier à l’indignité ! Peut-on rester indifférent, lorsque l’âme est fraîche, dans le personnage d’un jeune dieu ?

Puis, si la femme de qui venait cette consécration se montrait en amour d’une exigence folle, avec quelle verve et quelle tendresse, quelle science et quel art elle savait obtenir qu’on la contentât ! En lui prêtant auprès d’Hélène des mœurs assez libres, le rapport de police n’avait pas menti. À toute époque, mais notamment depuis son veuvage, elle avait eu pour objectif le délice d’aimer et pour prétention d’être aimée. Jamais, d’ailleurs, ne tolérant qu’on la prît par jeu, ni ne se donnant par calcul. Jamais, non plus, n’occupant d’elle en même temps deux hommes. Marc s’était présenté dans un interrègne. Depuis cinq mois qu’elle regrettait son dernier amant, nulle occasion de