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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

— Oh ! fit Hélène avec une moue, ne m’obligez pas…

Son interlocutrice l’interrompit.

— Je demande simplement à être éclairée. Parlez, madame ! Les vérités ne me font pas peur.

— Elles pourraient vous déplaire !

— Non, elles m’instruisent.

— Enfin, celle-ci est éclatante…

— Pas, sans doute, pour moi !

— Tant pis, donc ! Je regrette… Vous l’aurez voulu. Marc a vingt ans, dit la jeune femme, et vous quarante-six. Si c’était votre fils, vous l’auriez eu tard !

Mme Aliscan devint rouge. Dans le silence où s’éteignaient ses dernières paroles, Hélène suivit avec bonheur l’impression produite par son effroyable apostrophe. « J’ai frappé dur, » se disait- elle, « elle va s’effondrer ! » Mais Mme Aliscan se ressaisissait. Du bout des doigts, avec une grâce à peine étudiée, elle effaça deux ou trois plis que formait sa jupe, et trouvant le courage de sourire un peu :

— Pour mon amant, répliqua-t-elle, j’ai l’âge qu’il me donne !

Une pareille assurance fit bondir Hélène.

— Et savez-vous quel est cet âge ? Le soupçonnez-vous ? Marc vous a-t-il, sur ce point-là, livré sa pensée ? jeta-t-elle d’une voix qui mordait. Vous subissez, j’en suis certaine, vos poursuites le prouvent, non seulement sa froideur, mais ses éloignements. Vous êtes-vous demandé quelle était