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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/213

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

leur cause ? C’est si commode, quand on redoute la réalité, de boucher les fissures de ses illusions !

— Ici, madame, fit d’une voix sèche Mme Aliscan, vous touchez un sujet qui n’est qu’à moi seule.

— Marc y est trop intéressé, répartit Hélène, pour qu’en fin de compte je m’en prive ! D’ailleurs, moi-même, ajouta-t-elle, n’y suis-je pas mêlée ? Si cet enfant, les oreilles pleines de toutes vos instances, se maintient par faiblesse dans une mauvaise voie, n’est-ce pas à moi, qui suis sa mère, à le diriger, et de telle façon qu’il en sorte ? La vérité, puisqu’elle vous plaît, vous allez l’avoir ! Marc est las d’une passion qui l’humilie trop. Oui, reprit-elle avec violence, qui l’humilie trop, je le répète et j’y insiste, entendez-moi bien, c’est le seul langage qui convienne ! Par vanité, par entêtement, par sotte prévention, vous me faites dire, s’écria-t-elle, des choses révoltantes. Je comprendrais, chez une jeune femme, une pareille folie et cette cruauté pour elle-même. Mais quand on a votre âge, une fille mariée…

— Silence, madame ! put intimer Mme Aliscan.

Son visage présentait une affreuse pâleur. Dans ses yeux gris semblaient lutter l’angoisse et la haine et ses mains fines se pétrissaient, s’écrasaient l’une l’autre, prises d’un tremblement convulsif. Cependant, elle parvint à se maîtriser.

— Vous êtes renseignée ! souffla-t-elle.

— On l’est toujours, quand on le veut, répondit Hélène.