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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

— Et qu’on paie ce qu’il faut ! Oui, je sais bien…

Elles se regardaient fixement. Si leurs dehors ne trahissaient qu’une faible émotion, leurs mépris s’échangeaient perçants comme des balles et chacune d’elles, dans sa conscience, percevait un choc qui rendait brûlante sa rancune. Avec des mines qu’elles s’appliquaient, par respect humain, à garder distantes et paisibles, elles côtoyaient parallèlement ces lisières du drame où il suffit parfois d’un mot pour nous faire tomber. Leurs mains seules témoignaient un peu d’impatience. Mme Aliscan demanda :

— Marc est-il au courant du détail intime dont vous venez de faire usage si délicatement ?

— Oui, dit Hélène, il le connaît. Celui-là… et l’autre !

— Il les tient de vous ?

— Je m’en flatte !

Elle se sentait comme dévorée de courage physique. La vieille amante baissa la tête, réfléchit longtemps, ou, pour mieux dire, parut sonder un cruel futur et déjà, par avance, s’y déchirer toute. Quand son visage se redressa, des pleurs le baignaient.

— Eh ! bien, fit-elle, n’en parlons plus ! Je m’efface, madame… Votre fils n’aura pas à rougir de moi !

— Mais, dit Hélène, si jamais Marc…

— Je n’ai qu’une parole !

— Il me reste, madame, à vous remercier.