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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/218

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Mais, dès qu’elle fut rentrée chez elle et qu’elle revit Marc, l’étrange malaise la ressaisit, plus aigu cette fois, déterminant dans sa caresse une hésitation lorsqu’elle embrassa son beau-fils. On aurait dit qu’elle se livrait à un acte impur. Quels ne furent pas son étonnement et son déchirement lorsqu’elle sentit un plaisir fou lui monter au cœur à la pensée que, désormais, sur cette joue si fraîche, ne frémiraient plus certaines lèvres ! Elle avait beau vouloir calmer une exaltation que la semence jetée en elle trois quarts d’heure plus tôt lui faisait trouver peu décente, c’était vraiment, dans sa poitrine, un chant d’allégresse qui, sous l’effort qu’elle déployait pour l’y étouffer, multipliait à l’infini ses variations et retentissait largement. Marc, écrasé dans un fauteuil, une main sur les yeux, paraissait toujours morne et méditatif. Pourquoi, dès lors, au lieu d’avoir cette contrariété qui, le matin, l’avait poussée à fuir sa présence et fait sangloter dans sa chambre, éprouvait-elle en l’observant une espèce de joie ? Si, réellement, dans son dépit, son intervention, rien n’était équivoque, ou du moins suspect, par quel effet, n’ayant rempli qu’un devoir de mère, découvrait-elle au résultat qu’elle avait acquis l’enivrante odeur d’une vengeance ? Comme elle allait s’en tourmenter, elle se rassura. « C’est assez normal ! » pensa-t-elle. « Je manquerais de caractère et vaudrais bien peu si le tort spirituel qu’elle a fait à Marc me laissait sans rancune contre cette coquine. La confusion qu’elle a subie me donne du plaisir, et pas du tout la sombre humeur où Marc