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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/225

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

dérer Marc sous un aspect de sa personne tout nouveau pour elle et qui lui sembla délicieux. Dans le visage qu’elle admirait, les organes des sens, séparés des fonctions qu’ils accomplissaient, prirent cette valeur d’ornements purs, d’inutiles merveilles que prête aux traits dont elle s’enchante une passion totale. Aucun désir proprement dit n’agitait Hélène, mais le bonheur de contempler son charmant pupille la rendait légère comme l’oiseau. Rien d’amer n’existait lorsqu’il était là. De son absence momentanée provenait toute ombre et de sa présence toute clarté. « Innocente folie ! » pensa-t-elle. Au moindre mot que lançait Marc, elle se pâmait d’aise.

Cet état fortuné dura plusieurs jours. Quelques symptômes de soulagement notés avec joie dans l’attitude de son beau-fils pendant cette période eurent pour effet et d’endurcir la confiance d’Hélène, et d’imprégner ses sentiments d’une plus vive chaleur en lui montrant Marc plus proche d’elle. Mais, un matin, elle lui trouva la figure couverte et le sut retombé dans son humeur noire. Ce fut assez pour lui causer une peine effroyable. Elle avait beau voir dans cette crise la preuve la plus nette que Mme Aliscan n’avait pas faibli, de cette pensée ne lui venait, bien qu’elle lui fût douce, que le plus médiocre apaisement. Le sourire disparu lui manquait par trop. Comment, hélas ! le faire renaître et le faire durer ? Il eût fallu pouvoir tromper l’inquiétude de Marc par des plaisirs que le grand deuil leur interdisait. Hélène, cédant à sa passion, l’aurait fait sans doute, mais elle craignit de se sentir