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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

jamais qu’une éducatrice, et depuis quand des relations de maître à disciple étaient-elles réputées constituer l’inceste ? La malheureuse, en construisant un pareil sophisme, oubliait jusqu’au nœud, celui-là réel, qui unissait Marc à sa fille. Qu’elle pût, un jour, se voir enceinte, elle n’y songeait pas. Dans son esprit ne trouvaient place, en images de feu, que les plaisirs de toute nature qu’elle se promettait de sa vie intime avec Marc. Cependant, la chair même en était absente. Comme, après la folie que cause une grande joie, nous dénombrons, encore tout chauds de notre enthousiasme, les précieuses conséquences qu’elle aura pour nous, c’était alors sur mille détails du train journalier que se portait la meilleure part de son attention. Par exemple, elle goûtait un bonheur total à la pensée que son beau-fils, pour venir chez elle, n’aurait, le soir, qu’à traverser l’étroite salle de bains par laquelle leurs deux chambres étaient séparées. Elle se voyait l’accompagnant au théâtre, aux courses, dans maint endroit qu’elle aimait peu ou connaissait mal, mais où elle courrait pour lui plaire, et, parmi tant de gens qu’elle émerveillerait, seule à savoir, avec lui-même, qu’ils étaient amants. Les imprévus de leur union l’occupaient enfin. Comme elle saurait ou les faire naître, ou les manœuvrer pour qu’ils contribuassent à leur joie !

Les deux jours qui suivirent furent de pleine démence. Hélène les vécut comme une chatte. Ce qu’elle gardait de dignité s’y anéantit. Persuadée que la chute ne pouvait tarder, à la fois impatiente