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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

d’en arriver là et rougissant à la pensée, chaque minute plus ferme, d’accomplir la première le pas décisif, elle descendit à un manège de provocatrice pour faire tomber Marc dans ses bras. Comment noter les mille détours de cette coquetterie ? Comment, surtout, les indiquer sans souffrir soi-même de l’égarement où les ravages d’un goût monstrueux peuvent jeter une conscience fortement trempée ? Avec des regards, des frôlements, ce furent des mots, des inflexions, des sourires, des poses, trop d’oublis, une manière d’humecter ses lèvres, certains effets tirés à point du mouvement d’une jupe ou de l’ouverture d’un corsage. Hors celui de défier et les pires audaces, tout expédient dont peut user la femme la plus rouée fut, par elle, mis en œuvre à la perfection. Où l’expérience faisait défaut, elle trouva l’instinct. Quarante-huit heures de cette recherche et de cette conduite l’avancèrent davantage dans les voies du vice que n’avait fait progressivement, depuis son mariage, toute son existence antérieure.

Cependant, ses nerfs s’épuisaient. Le second soir, en se couchant, elle était à bout. Pas une seule fois, ne fût-ce qu’à peine et fugitivement, elle n’avait vu ni s’altérer le visage de Marc, ni quelque chose répondre en lui aux efforts sans nom qu’elle avait tentés pour lui plaire. Toute sa nuit s’écoula dans des inquiétudes. Déjà, le fort de sa confiance et son espoir même étaient sévèrement ébranlés. Peut-être allait-elle risquer tout. Brusquement, le matin, elle subit un choc et s’aperçut, en observant