Aller au contenu

Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
247
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

parurent ceux d’une meurtrière. À la pensée que son beau-fils, rendu amoureux, avait tenté de se soustraire par une mort violente à la perspective de la perdre, elle se sentait aussi coupable, et plus malignement, que si elle-même l’avait armé ou elle-même frappé. En dernière analyse, qu’avait-elle fait d’autre ? Par quelle nuance se distinguait de l’assassinat l’odieux manège d’une femme coquette bouleversant un cœur pour ensuite le jeter dans le désespoir ? Mais, une femme coquette, qu’était-ce dire ? Cette bénigne expression la qualifiait-elle ? Une femme coquette respecte au moins les frontières sacrées. « Pour les franchir, » songeait Hélène en serrant les dents, « ce n’est pas une coquette, c’est une chienne qu’il faut ! » Ne pouvant s’abstenir de regarder Marc, elle retrouvait dans son visage étonnamment jeune et que le sommeil détendait celui même de l’enfant qu’il avait été. L’adolescence ne s’y marquait par rien d’essentiel. Avait-il dix-neuf ou douze ans ? Le veillait-elle, gardé au lit par un léger rhume ou encore pâle d’avoir voulu abréger sa vie au moyen d’une balle en plein cœur ? Décidément, pour s’être éprise avec cette violence d’un objet si naïf, bien que délicieux, quelque chose, plusieurs mois, lui avait manqué, il avait fallu qu’elle fût folle ! Mais s’était-elle profondément, sincèrement éprise ? Révoltée aujourd’hui de ses conséquences, elle en venait à mettre en doute, de la meilleure foi, la terrible pulsion qui l’avait secouée. Ce qu’elle voyait lui paraissait d’une horreur si grande et la tourmentait à tel point que ses pires déchirements,