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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

en comparaison, ne lui semblaient que les caprices. les plus accentués d’un amour de tête opiniâtre. Ainsi nions-nous dans tout malheur une autre infortune. Cet excès d’injustice vis-à-vis d’elle-même, si la jeune femme en retirait le vague soulagement d’être en droit d’espérer un futur moins noir, s’imagine-t-on quel supplément de cruels remords il pouvait d’abord lui causer ? Son excuse, et la seule, en était détruite. À l’origine de l’acte affreux décidé par Marc, au lieu des flammes d’un égarement qui, pour sa décharge, aurait pu invoquer sa fatale chaleur, ne brillait plus, telle qu’un charbon aux pans durs et froids, qu’une ignominieuse fantaisie. Plus Hélène s’enfonçait dans cette assurance, plus son esprit lui fournissait, pour la justifier, d’arguments solides, péremptoires. Quels reproches, quel supplice, quelle désolation !

L’après-midi coulait pour elle sans qu’elle y prît garde. Tout à coup, Marc gémit et ouvrit les yeux.

Hélène se pencha sur son lit.

— Eh ! bien, mon loup, demanda-t-elle, comment te sens-tu ?

Il répondit qu’il souffrait peu. Puis, d’une voix inquiète :

— Suis-je gravement blessé ? Vais-je mourir ?…

Ce dernier mot, que soulignait un regard poignant, pénétra comme une flèche dans le cœur d’Hélène.

— Mourir ! cria-t-elle. Es-tu fou ? Dans une semaine, tout au plus deux, tu seras sur pied, et tu sortiras dans vingt jours. La balle n’a fait qu’une déchirure sans nulle gravité. Le docteur me l’a dit