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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/40

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

pour se vouer à Marc entièrement. Mise à part la question inquiétante de l’âge, Michel Soré, froid, doux et digne, lui plaisait plutôt. Mais elle l’avait pris par surcroît.

Le nouveau couple était allé habiter Paris. Autant comme pied-à-terre que pour ses meubles, le commandant, après la mort de sa première femme, y avait conservé son appartement. Par une anomalie des plus curieuses, cet homme féru de sa province comme, dans un chef-lieu, l’est de sa paroisse une dévote, aimait l’animation de la grande ville, et souvent, sur le point de rallier Marseille, venait en prendre l’air quarante-huit heures avant de partir pour trois mois. Hélène, de son côté, désirait y vivre. La Sorbonne, les musées, les bibliothèques, cette atmosphère intellectuelle que, très jeune, de loin, on y croit partout répandue exerçait sur son âme, lasse de l’Armorique, une extraordinaire séduction. Il lui semblait qu’à la faveur d’un pareil milieu elle fructifierait comme une vigne. D’autre part, le souci des études de Marc la conduisait à s’inquiéter, pour un proche futur, d’un bon choix de collèges et de professeurs.

Le vaste et clair appartement de la rue Vaneau ne demandait, pour retrouver son ancienne fraîcheur, que des travaux de réfection sans grande importance. C’était donc dans la chambre, à peine modifiée, où sa mère, jadis, était morte que l’enfant avait pris les premières leçons qui lui fussent données sérieusement.