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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/41

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Quelle désillusion l’attendait ! De la personne qui commençait à le régenter, il ne connaissait que les grâces, et il pensait qu’au voisinage de son affection les semaines et les mois s’écouleraient pour lui dans un ravissement continuel. Excepté, quelquefois, une vivacité, jamais Hélène, en sa présence, ne s’était défaite de l’indulgente physionomie et des manières douces qu’il se délectait, à chérir. Cependant, aussitôt devenue tutrice, comme si sa voix, son expression, jusqu’à sa nature se fussent en un jour transformées, elle témoignait à son pupille de grandes exigences et, brusquement, se révélait vis-à-vis de lui d’une sévérité inflexible, Le sentiment de son devoir l’avait rendue stricte. Cette ambition qu’elle nourrissait d’obliger un être à déployer dans le travail et l’obéissance toutes ses aptitudes, tous ses dons, avait tendu son énergie et durci ses nerfs, sans lui retirer nulle tendresse. Marc s’était vu toujours distrait et toujours aimé, mais, en même temps, assujetti à de rudes efforts et, pour l’ensemble de ses actes, étroitement soumis à une impérieuse discipline.

Celle-ci, d’abord, l’avait jeté dans de sèches révoltes. Mais Hélène s’entendait à les réprimer et, convaincue de l’intérêt d’en triompher vite, elle le faisait régulièrement avec une rigueur qui l’avait bientôt assoupli. L’enfant n’avait, au demeurant, que peu de hardiesse. Comme, d’autre part, les récompenses, lorsqu’il était bon, ne lui étaient guère mesurées, la notion de justice avait