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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

De temps à autre, elle s’ébrouait, se tournait vers Marc.

— Tu t’amuses, mon chéri ?

— Oui, disait-il.

— Quels phénomènes que ces gens-là ! murmurait Hélène. Plus la course dure, plus ils vont. Moi, je crois que le bleu va régler l’orange.

Et elle tirait de son étui une petite lorgnette pour contempler au-dessus d’elle mille visages serrés que transfigurait l’émotion.

Ce fut un soir, comme ils sortaient d’une séance de boxe, les oreilles pleines du mugissement des automobiles et des cris aigus des voyous, que Marc lui dit, avec ce timbre étonnamment faux qu’imprimait à sa voix la moindre hardiesse :

— Une chose me surprend, petite mère ! Comment, avec vote nature, vos délicatesses, pouvez-vous rechercher des exhibitions aussi dégoûtantes que celle-ci ?

— Rechercher ! fit Hélène qui resta sur place.

Elle partait du cirque écœurée. Non seulement dans la boxe elle n’estimait rien, mais la bassesse de ce spectacle et la vue du sang lui avaient donné honte d’elle-même.

— Oui, c’est étrange ! poursuivit Marc en suçant ses mots, comme si la crainte l’avait tenu de parler trop fort, d’employer un terme un peu vif. Plus je médite sur la question, moins je la comprends. Vous n’appréciez au monde que les belles choses, je vous ai entendue proclamer cent fois que si, chez vous,