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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Peut-être même, le sacrifice l’occupa-t-il moins et lui parut-il plus léger. La discipline que réclamait le travail de Marc n’était plus, dans l’ensemble, aussi minutieuse et, pour sa fille, en prenant soin de la chapitrer, elle pouvait la laisser aux mains d’une servante. Marie-Thérèse, qui l’adorait, la redoutait trop pour se permettre, en son absence, de désobéir, fût-ce à la plus molle des gardiennes. Elle pouvait donc, sinon vraiment s’amuser beaucoup, du moins tirer des relations chères à son mari le comique enfermé dans leurs ridicules, sans souci des fonctions qu’elle s’était données, ni du temps sérieux qu’elle perdait. Elle en prit le parti et l’inclination. Le commandant la vit, un soir, pendue à son bras, le conjurer, avec la moue d’une femme capricieuse, de retourner le jour suivant chez une vieille cousine qu’ils avaient quittée l’avant-veille. Et comme, surpris, il accueillait une pareille demande par une question sur le motif qui la lui dictait :

— C’est si curieux, dit la jeune femme, ses corsages en pointe et ses bengalis empaillés !

Le théâtre fit mieux, pour la rendre heureuse, que de donner à son désir de tromper les heures ces satisfactions d’ironie. Marc y venait régulièrement, sauf aux pièces légères. Hélène, assise au bord d’une loge, entre les deux hommes, élégante, mais avec cette modération qu’elle cultivait, par dignité, comme le droit d’une femme à n’être pas exclusivement une bête de plaisir, s’épanouissait dans la conscience du splendide pouvoir qu’elle exerçait concurremment sur l’un et sur l’autre. Leur présence