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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

t’expliquer, te confier sans crainte. À quoi se passaient vos rencontres ?

Il répondit :

— Vous l’avez vu ! Nous nous promenions.

— Toujours au Luxembourg ?

— Mais oui, toujours.

— Et jamais ailleurs ?

— Non, jamais.

Elle fit entendre un léger rire, agacé, nerveux.

— Quelle exemplaire fidélité ! C’est attendrissant ! Et alors, ces sornettes te divertissaient ? Tu les attendais avec fièvre ? Réellement, tu trouvais un certain plaisir à débiter des compliments pendant trois quarts d’heure à cette péronnelle sans conduite ?

— Elle n’est pas sans conduite, osa-t-il répondre, Et ce n’est pas une péronnelle. Vous la jugez mal !

La jeune femme parut réfléchir.

— Admettons-le ! dit-elle enfin, d’un air méprisant.

Et, posément, elle ajouta :

— Je connais sa mère. Comme je la crois, dans ce qu’elle fait, plus sotte que méchante, il est bon, malgré tout, que je l’avertisse. C’est même un devoir de conscience !

— Que voulez-vous dire ? gronda Marc.

Piqué au vif par cette menace, il avait bondi. Ses pommettes se couvrirent d’une rougeur foncée et ses sourcils se contractèrent, donnant à son masque une expression qui paraissait également empreinte d’énergie virile et d’enfance. Elle touchait en même temps qu’elle faisait sourire. Hélène le regarda sans