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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/84

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

souffler mot. Puis, lorsqu’il eut deux ou trois fois parcouru la chambre en prodiguant, la bouche serrée, des signes de colère dont la violence prit quelque chose de systématique dès qu’il se sentit observé :

— Parfaitement ! fit-elle, de conscience ! Certaines faiblesses ne se cachent pas, d’une mère à une autre. Nous avons entre nous des obligations qui dépassent quelquefois de beaucoup vos têtes.

— Mais quelles obligations ? Que pensez-vous ?

— Qu’à votre âge, dit Hélène, dans un certain monde, on ne laisse pas encore courir deux écervelés comme un garçon de magasin avec une modiste !

— Et alors, les penchants ? fit pompeusement Marc. C’est bon pour la gare, les penchants ? Mais nous sommes fiancés ! cria-t-il soudain. Fiancés ! reprit-il sur une note plus haute, en considérant sa belle-mère.

Elle entr’ouvrit la bouche, battit des cils, leva les mains et les secoua d’un air de pitié, puis se renversa pour mieux rire.

— Dieu, que c’est ravissant ! Ah ! la belle surprise ! Je m’attendais à bien des choses, mais pas à celle-ci. Toute l’époque ! jeta-t-elle, à moitié sérieuse. Ils sont là d’avant-hier, ils ne savent rien, on n’est pas sûr qu’ils aient mangé leur dernière bouillie, et, tranquillement, ils vous font part de leurs fiançailles ! La fessée se marie avec le pain sec…

Elle insista sur cette boutade et elle rit encore. Tout à coup, se tournant pour regarder Marc et, cette fois, vraiment agressive :

— Tu t’es, hélas ! trompé d’adresse, mon beau