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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

regard, Tout concourait, dans cette rencontre, à le persuader que sa belle-mère avait tenu sans respect humain son impitoyable engagement. Pouvait-il deviner qu’à la réflexion l’inélégance d’un procédé bon pour une dévote avait sollicité l’esprit d’Hélène et l’avait arrêtée sur le point d’écrire ? Un tel retour était si peu dans ses habitudes ! Blessé dans son orgueil, sa chevalerie, en même temps qu’énervé par certaines brimades dont il mesurait l’arbitraire, l’adolescent, pas assez brave pour entrer en lutte, s’était contracté sous l’assaut. Mais son silence couvrait un fond d’animosité qui transparaissait malgré lui et chaque atteinte qu’il endurait, loin de l’amender, l’affermissait plus étroitement dans sa muette révolte.

À différentes reprises, l’espace d’une heure, sous le coup d’un abus plus exaspérant, il avait songé à s’enfuir. Savoir sa belle-mère dans les transes, l’imaginer le signalant au commissariat et maudissant le déploiement de sévérité qui la réduisait à cette fin lui paraissait, dans sa colère, une chose délicieuse. Mais, d’abord, l’argent lui manquait. Puis, sa nature, tout en souhaitant de l’indépendance, appréhendait confusément d’en posséder trop et, d’autre part, il redoutait les suites inconnues qui serviraient de conclusion à son escapade. En résumé, plus il pensait à briser ses liens, moins il les trouvait fastidieux. Pour en souffrir continuellement et avec excès, il lui fallait les supporter dans une soumission qui les lui faisait mieux sentir, comme un captif, s’il ne bouge pas, ses entraves le blessent,