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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/92

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

le poids des fers non déplacés lui meurtrit les muscles, leurs cruelles arêtes l’excorient. Alors, l’aigreur lui fournissait des inspirations et, sans aller jusqu’à faire preuve d’un vrai caractère, il s’accordait audacieusement de modiques revanches.

Hélène l’apprit un jeudi soir, où, cherchant un livre, elle ne put finalement le trouver nulle part. Marc l’avait eu entre les mains une semaine plus tôt. Interrogé, il devint rouge, parut hésiter, puis déclara se souvenir qu’après l’avoir lu il l’avait remis à sa place. La jeune femme, étonnée de son attitude, voulut avoir des renseignements plus circonstanciés et multiplia les questions. Il s’agissait d’un Don Quichotte avec des gravures auquel elle tenait spécialement. Marc avoua tout à coup qu’il l’avait vendu.

— Comment vendu ? s’écria-t-elle d’un air intrigué, comme si le mot qu’elle reprenait lui semblait obscur, pouvait présenter plusieurs sens.

— Pour me faire de l’argent, oui, précisa Marc. J’ai porté le volume chez un bouquiniste.

— Et tu en as tiré ?

— Soixante-cinq francs.

Elle le considéra sans une parole, l’examinant avec lenteur de la tête aux pieds comme pour bien s’assurer qu’il était lui-même, puis haussa les épaules et quitta la pièce.

Telle était la violence de son saisissement que la pensée de faire entendre une menace quelconque ne l’avait même pas effleurée. Dans sa mémoire tourbillonnaient cent images de Marc mis en pénitence