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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

— Que dirais-tu si je prenais des dispositions pour te faire apprendre à danser ?

— À danser ? fit-il, interdit.

Il connaissait depuis longtemps l’aversion farouche qu’avait pour le monde sa belle-mère et n’eût pas ressenti plus de saisissement en l’entendant lui proposer d’entrer dans les Ordres.

— Mais, naturellement, à danser ! Que trouves-tu donc d’extraordinaire dans cette idée-là ? Te voilà devenu presque un jeune homme. Il est bon, mon chéri, que tu sortes un peu. Te figures-tu, reprit Hélène, que je me soucie d’avoir pour fils un grand nigaud qu’on ne voit nulle part ?

— C’est très bien ! Mais, dit Marc, si le monde m’ennuie ?

— Tu ne pourras t’en rendre compte qu’après expérience. On en raffole ou on l’exècre, et les deux s’expliquent, mais il faut premièrement en avoir tâté. D’ailleurs, pourquoi t’ennuierait-il ? Quelle sotte prévention ! Tu n’es ni vulgaire, ni mal fait, et j’en connais de plus stupides.

Hélène soupira.

— Tiens ! fit-elle tout à coup d’un ton brusque et tendre, avec ton air et cette malice qu’ont parfois tes yeux, tu plairas, j’en suis sûre, à toutes les jeunes filles !

I! répondit, flatté :

— Nous verrons bien !

Les leçons de danse l’amusèrent. Son professeur était une femme de la cinquantaine dont les pieds minces, les jambes très fines, et pourtant musclées,