Page:Henri Heine, Poésie, 1906.djvu/424

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laquelle je lui porte une grande gratitude. Il est plus que probable que je n’aurais pas besoin de faire cet appel à la libéralité de mon cousin, car je suis persuadé qu’avec la première pelletée de terre qu’il jettera sur ma tombe, selon son droit, comme mon plus proche parent, s’il se trouve à Paris lors de mon trépas, il oubliera tous ces vilains griefs que j’ai tant regrettés et expiés par une longue agonie. Il ne se souviendra certainement alors que de la bonne santé d’autrefois, de cette affinité et conformité de sentiments, qui nous unissaient dès notre tendre jeunesse, et il vouera une protection toute fraternelle à la veuve de son ami, mais il n’est pas inutile, pour le repos des uns et des autres, que les vivants sachent ce que leur demandent les morts.

§ 3. — Je désire qu’après mon décès tous mes papiers et toutes mes lettres soient enfermés scrupuleusement, et tenus à la disposition de mon neveu Ludwig von Embden à qui je donnerai mes instructions ultérieures sur l’usage qu’il doit en faire, sans préjudice aux droits de propriété de ma légataire universelle.

§ 4. — Si je meurs avant que l’édition complète de mes œuvres ait paru, et que je n’aie pas pu présider à la direction de cette édition, ou même que ma mort soit arrivée avant qu’elle fût terminée, je prie mon parent, M. le docteur Rudolph Christiani, de me remplacer dans la direction de cette publication en se conformant strictement au prospectus que j’aurai laissé à ce sujet. Si mon ami M. Campe, l’éditeur de mes œuvres, désire quelques changements dans la manière dont j’ai coordonné mes différents écrits dans le susdit prospectus, je désire qu’on ne lui fasse pas de difficultés sous ce rapport, vu que j’ai toujours aimé à m’accommoder à ses besoins de libraire. La chose principale, c’est qu’il ne soit intercalé dans mes écrits aucune ligne que je n’aie pas destinée expressément à la publicité, ou qui ait été imprimée sans la signature de mon nom en toutes lettres. Un chiffre de convention ne suffit pas pour m’attribuer un écrit publié par quelque journal, attendu que l’indication de l’auteur par un chiffre dépendait toujours des rédacteurs en chef, qui ne se sont jamais interdit non plus l’habitude de faire des changements de fond ou de forme, dans un article signé seulement par un chiffre. Je fais défense expresse que sous aucun prétexte, quelque écrit d’un autre, si petit qu’il soit, soit annexé à mes ouvrages, à moins que ce ne soit une notice biographique émanée de la plume d’un de mes anciens amis à qui j’aurai demandé expressément un tel travail. J’entends que ma volonté, sous ce rapport, c’est-à-dire que mes livres ne serviront pas à remorquer ni à propager aucun écrit étranger, soit exécutée loyalement dans toute son étendue.

§ 5. — Je défends de soumettre mon corps après mon décès à une autopsie ; seulement, comme ma maladie ressemblait souvent