Orig. autographe, appartenant à M. Lebert, peintre, à Colmar. Copie transmise par M. Duvernois, de Besançon.
Monseigneur, J’affectionne tellement ce qui concerne les affaires de ma tante, la duchesse de Loudunois, me touchant de si prés qu’elle faict, qu’ayant entendu les rigueurs desquelles on luy use en ses tres humbles requestes pour la delivrance de son fils, mon cousin, destenu si longuement prisonnier à cause de sa rançon, je n’ay craint de despescher la Roque exprés pour vous supplier tres humblement, Monseigneur, attendu qu'il a cy devant pleu à Vostre Majesté se charger de la dicte rançon, oultre ce qu’elle demeuroit esteinte par vostre edict de pacification, me faire cest honneur de ne permettre que mon dict cousin demeure plus long temps en ceste miserable captivité, pour raison d’icelle ; et ne treuver estrange si estant en ce faict poussé d’une juste et naturelle compassion que j’ay de l’ennuy qu’en reçoit ma dicte tante[1], je vous en importune, et supplie très humblement entendre le dict la Roque de ce qu’il vous en dira de ma part, comme moy-mesme, qui ne desire aultre plus grand heur et contentement, en ce monde, que de pouvoir demeurer toute ma vie
- ↑ Le roi de Navarre mit en effet beaucoup d’insistance dans cette affaire. La reine sa femme, qui était alors en cour, reçut aussi une semblable recommandation, comme le prouve ce qu’elle lui répondit alors : « J’ay receu les lettres qu’il vous a pleu m’escrire pour ma tante, madame de Loudenois, pour laquelle je m’emploieray et mettray en peine de la servir, comme je desire faire tout ce qui vous sera si proche. » (Lettres de Marguerite de Valois, p. 286 de l’édition de M. F. Guessard.) Toutefois le duc de Genevois ne sortit des prisons du Châtelet que le 15 janvier 1585, comme le constate, à cette date, le Journal de Henri III,